Répondre au sondage La grossesse représente une période à risque de maladie thrombo-embolique veineuse (MTEV), majoré en post-partum et persistant pendant plusieurs semaines après la naissance. En 2009, la MTEV représentait, après les hémorragies, la seconde cause directe de mortalité maternelle en France et la seule pour laquelle le nombre de décès n’avait pas diminué au cours des dix dernières années (30 décès entre 2007 et 2009) (2,3). En France, la CVE est prescrite chez les femmes enceintes et en post-partum pour soulager certains symptômes de la maladie veineuse, prévenir ou réduire l’œdème des jambes, et prévenir la survenue de la MTEV. La HAS recommande le port de CVE durant toute la grossesse et pendant les six semaines qui suivent l’accouchement ou six mois en cas de césarienne (4). Dans ce contexte, l’étude ProFIL, réalisée à partir de l’EGB, dresse un état des lieux de l’utilisation de la CVE, en vie réelle, chez la femme enceinte et en post-partum. L’EGB est un échantillon représentatif au 1/97 e des données du Système national de données de santé (SNDS) qui répertorie les consommations de soins en France, dont les délivrances de CVE. Les femmes enceintes âgées de 15 à 49 ans en début de grossesse, entre le 1 er juillet 2017 et le 15 juin 2018, ont été recherchées dans l’EGB, et les délivrances de CVE (formats ‘chaussettes, ’bas’, ‘collants’) sur prescription d’un professionnel de santé ont été identifiées dans la base de données grâce aux prix de ces dispositifs, puis analysées. Sur la période analysée, 15 528 grossesses ont été recensées : 7 252 accouchements (79,9 % d’accouchements par voie basse, 6,7 % et 13,4 % respectivement par césarienne programmée et non programmée), 2 734 interruptions de grossesse et 5 542 grossesses d’issue inconnue (faisant référence à des grossesses sans acte d’accouchement ou d’interruption de grossesse pendant la période d’étude mais identifiables par des actes d’échographie, de biologie ou une hospitalisation). La population analysée était conforme aux données de la littérature (5). Moins d’une femme sur 3 est équipée de CVE au cours de sa grossesse et en post-partum Sur la période considérée (incluant 15 528 grossesses), 5 517 délivrances de CVE (correspondant à au moins un dispositif de CVE, indépendamment du format) ont été effectuées à 4 919 femmes, ce qui représente 31,7 % de femmes équipées de CVE au cours de leur grossesse et en post-partum (voir figure 1). La délivrance de CVE en ante-partum survient tardivement, lors du 2 e trimestre de grossesse Sur les 7 252 femmes ayant accouché, 43,1 % ont bénéficié d’une délivrance de CVE en ante-partum (voir figure 1). Celle-ci est faite le plus souvent au 2 nd trimestre de grossesse avec un délai moyen de délivrance de 173 jours après le début de la grossesse. Moins d’une femme sur 5 est équipée après un accouchement par voie basse alors que le risque de MTEV est majoré du fait d’une mobilité diminuée durant cette période En post-partum, le taux de délivrance est variable selon le type d’accouchement : atteignant respectivement 17,3 %, 46,7 % et 44,1 % chez les femmes ayant accouché par voie basse, par césarienne programmée et césarienne non programmée (voir figure 1). Parmi les femmes enceintes les plus à risque de MTEV, moins d'une sur 2 a reçu une délivrance de CVE En effet, 35,2 % des femmes enceintes présentant au moins un facteur de risque de MTEV (plus de 35 ans, grossesse multiple, procréation médicalement assistée, accouchements antérieurs ≥ 3, antécédents de prééclampsie ou d’éclampsie, obésité) ont reçu une délivrance de CVE pendant leur grossesse ou en post-partum et seulement 42,8 % des femmes enceintes ayant un antécédent de MTEV. Le format ‘bas’ est le plus fréquemment délivré quel que soit l’âge des femmes enceintes Si les formats ‘chaussettes’, ‘bas’ et ‘collants’ sont d’efficacité comparable sous réserve qu’ils soient parfaitement adaptés à la morphologie de la femme (6,7), il est à noter que les dispositifs de CVE délivrés restent préférentiellement de format ‘bas’ du fait d’habitudes de prescription des professionnels de santé et de l'assimilation de la CVE au terme générique ‘bas de contention’. Les délivrances réalisées suite à des prescriptions de sages-femmes pendant la grossesse et en post-partum sont également le plus souvent de format ‘bas’, quel que soit l’âge des femmes, avec 45,7 % des femmes ayant eu une délivrance de ‘bas’ contre 39,9 % de ‘chaussettes’ et 14,4 % de ‘collants’. Les sages-femmes ont un rôle majeur à jouer dans le suivi des femmes enceintes, du début de leur grossesse jusqu'en post-partum, pour améliorer la prise en charge de la maladie veineuse. Les sages-femmes sont à l’origine de 15,2 % des délivrances de CVE tous types de grossesses confondues, contre 26,3 % par les gynécologues obstétriciens et 20,2 % par les médecins généralistes (le reste des délivrances se répartissant entre les prescriptions hospitalières, dont la spécialité est inconnue et les autres professionnels de santé). Les taux de délivrances de CVE sur prescription des sages-femmes sont respectivement de 15,8 % en ante-partum, 15,1 % après un accouchement par voie basse, 7,2 % et 8,4 %, après une césarienne programmée et non programmée. En conclusion, les résultats de cette étude montrent que les taux de délivrance de CVE pendant la grossesse et en post-partum sont faibles au regard des recommandations de la HAS. Le rôle des sages-femmes est essentiel dans cette prescription qui devrait être renforcée dans le cadre de la prise en charge de la MTEV au cours de la grossesse et du post-partum. Qu’en est-il dans votre pratique au quotidien ? Merci de bien vouloir répondre au sondage associé à cet article. Figure 1 : Taux de délivrance de CVE au cours de la grossesse et en post-partum (selon le type d’accouchement). En pratique, comment pouvez-vous améliorer la prise en charge et la prévention de la MTEV chez la femme enceinte ? • Pensez à la prescription de CVE dès le début de la grossesse. • Assurez-vous que vos patientes ont bien une prescription en post-partum. • Renouvelez les prescriptions si nécessaire (il est recommandé d’utiliser au moins deux paires en alternance et de les renouveler régulièrement). • Pour une meilleure observance, généralisez la prescription en « collant de compression » afin que la patiente puisse choisir, en pharmacie, le ou les formats qui conviennent le mieux à ses habitudes vestimentaires. En savoir plus • Voici le lien vers le poster présentant les résultats de l’étude ProFIL (premier prix des posters aux 50 es Assises nationales des sages-femmes :
https://www.assises-sages-femmes.com/prixposters • Pour plus d'information sur l’étude ProFIL, contactez
anne-laure.kerveillant@innothera.com • Nous vous invitons à répondre au sondage afin d’en savoir plus sur vos pratiques en termes de prescription de CVE. Répondre au sondage