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Risque

Publié le  Lecture 11 mins

Environnement : la prévention entre les mains de la sage-femme

Anne PILEWICZ, sage-femme à Paris
Environnement : la prévention entre les mains de la sage-femme

Les polluants et les perturbateurs endocriniens ne sont pas sans effet sur la santé des futures mamans et des enfants. Les précisions d’Anne Pilewicz, sage-femme à Paris.

La santé environnementale comprend les aspects de la santé humaine, y compris la qualité de la vie, qui sont déterminés par les facteurs physiques, chimiques, biologiques, sociaux, psychosociaux et esthétiques de notre environnement. Plus simplement, la santé environnementale est la prise en compte de l’impact des polluants sur la santé. Selon l’OMS, les facteurs environnementaux sont responsables de 15% de la mortalité en Europe. Le PNSE 4 En mai 2021 est lancé le 4ème plan national de santé environnementale qui propose des actions concrètes pour mieux comprendre et réduire les risques liés aux substances chimiques, aux agents physiques (comme le bruit ou les ondes) et aux agents infectieux en lien avec les zoonoses, c’est-à-dire les pathologies qui peuvent se transmettre de l’animal à l’homme. L’un des axes forts de ce plan national (action 5) est de mieux connaître et de limiter l’exposition des populations aux différentes substances chimiques (dont les perturbateurs endocriniens) en particulier pendant la période des 1000 jours. Cette période qui inclut la grossesse et les deux premières années de l’enfant, est une période de grande vulnérabilité vis à vis des polluants en général et des perturbateurs endocriniens (PE) en particulier. La sage-femme a donc une place capitale dans ce dispositif en matière de prévention. Les différents polluants On distingue : La pollution de l’air extérieur, considérée comme la première source de mortalité environnementale et en particulier l’exposition aux particules fines ; La pollution de l’air intérieur et en particulier l’exposition aux produits chimiques. Nous passons 80% de notre temps à l’intérieur des lieux clos et l’air que nous y respirons n’est pas toujours de bonne qualité ; L’exposition aux produits chimiques contenus dans l’alimentation et les cosmétiques ; L’exposition aux ondes par le biais du nombre croissant d’objets connectés a aussi été étudiée, même si leurs effets n’ont pas été prouvés. Le cas particulier des perturbateurs endocriniens La définition des perturbateurs endocriniens (PE), la plus communément admise, est celle proposée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en 2002 : « Les perturbateurs endocriniens sont des substances chimiques d’origine naturelle ou artificielle étrangères à l’organisme qui peuvent interférer avec le fonctionnement du système endocrinien et induire ainsi des effets néfastes sur celui-ci ou sur ses descendants. » L’ANSES précise que pour caractériser un perturbateur endocrinien, deux critères sont nécessaires : L’existence d’un mécanisme biologique ; Un effet délétère sur la santé ; Les sources d’exposition de la population générale aux perturbateurs endocriniens sont principalement l’alimentation, mais aussi l’air et certains produits industriels (médicaments, cos métiques, produits phytosanitaires,). L’évaluation de leurs effets est complexe, en raison d’interrogation sur les mécanismes d’action, la multiplicité des substances concernées et les différentes voies d‘exposition. D’autre part, une exposition à faible dose mais sur une longue durée, ou pendant une période clé ( in utero, ou lors de la puberté) pourrait être plus dangereuse pour certaines substances. Enfin, les effets de l’exposition à plusieurs substances pourraient se combiner, on parle alors d’« effet cocktail ». Le rôle de plusieurs perturbateurs endocriniens est à ce jour suspecté dans l’apparition de cancers hormonaux-dépendants (cancer du sein, de l’utérus, de la prostate et des testicules), mais également les pubertés précoces, les troubles de la fertilité, le diabète, l’obésité, les troubles du comportement, certaines maladies neurologiques. Les données actuellement disponibles ne permettent pas de confirmer ce lien. Il est possible de diminuer l’exposition à ces polluants en adoptant quelques changements dans notre quotidien. Certains sont bien connus : le tabac, la pollution issue de la circulation automobile (particules fines, ozone), le plomb contenu dans certaines peintures anciennes. D’autres ont été interdits récemment : le bisphénol A est interdit dans les biberon (remplacé par le bisphénol B ou S), ou simplement déconseillés comme les parabènes dans les cosmétiques, l’octocrylene dans les crèmes solaires. Les effets sur la santé peuvent être immédiats : brûlure, irritation de la peau, démangeaison, asphyxie. Ils peuvent aussi apparaître à la suite d’expositions répétées et provoquer différents types d’allergie : cutanée, respiratoire... Enfin, ils peuvent être différés dans le temps, ce qui rend plus difficile la détection et la perception de ces effets pourtant bien réels. Ils peuvent aussi parfois même n’apparaître que dans la descendance comme les effets cancérogènes, mutagènes et reprotoxiques (CMR). Reste que très peu d’études ont été menées pour : Connaître les effets de l’exposition à plusieurs substances chimiques en même temps (« effet cocktail ») ; Caractériser l’exposition de notre quotidien, c’est-à-dire l’exposome : l’ensemble des expositions à des facteurs non génétiques favorisant l'apparition de maladies chroniques, auxquelles un individu est soumis de sa conception in utero à sa mort : c’est encore très compliqué de mesurer cette exposition et de la relier à un effet sur notre santé. Certains gestes très simples permettent de limiter l’exposition in utero à ces différents polluants. Dans la chambre La qualité de l’air C’est un élément auquel nous sommes de plus en plus sensibilisé(e)s, en particulier dans les environnements urbains. La pollution atmosphérique est marquée essentiellement par la circulation automobile qui engendre une explosion de l’exposition aux particules fines, à l’ozone et au dioxyde d’azote. Au sein des logements, la qualité de l’air intérieur est souvent moins bonne, lors de mesures effectuées (2 e campagne de l’Observatoire de la qualité de l’air intérieur en novembre 2020) L’utilisation d’appareils de combustion à l’origine de pollutions intérieures (chaudières, chauffages, appareils de cuisson et l’évacuation de leurs fumées) aura un impact négatif sur la qualité de l’air intérieur. Le tabagisme sans aération, l’humidité et les moisissures liées aux fuites et infiltrations, la ventilation peuvent également influer sur la qualité de l’environnement et donc impacter la santé. Il est recommandé d’aérer 10 minutes matin et soir, de ne pas obstruer les bouches d’aération existant sur les fenêtres, d’éviter d’utiliser bougies, encens, parfum d'ambiance (qui dégagent des composés organiques volatils, COV). Les peintures Pour limiter l’exposition aux perturbateurs endocriniens contenus dans les solvants de certaines peintures : préférez une peinture acrylique, écolabellisée, aérez la pièce après des travaux de peinture, n’installez pas le bébé dans une chambre fraichement repeinte. (L’idéal est d’attendre 3 mois). Si une peinture est suspectée de contenir du plomb, les travaux de rénovation doivent être effectués par un professionnel. Il ne faut pas s’exposer aux poussières de plomb. L’aspirateur est proscrit car il remet ces fines poussières en suspension. Seule une serpillère humide est conseillée si les peintures s’écaillent et révèlent des couches grisâtres notamment sur les huisseries. Les revêtements de sol En cas de rénovation privilégier le carrelage ou le bois. Evitez les moquettes qui stockent davantage de poussières (risque d’allergie) Elles peuvent également contenir des phtalates, des retardateurs de flammes ou des traitements anti-tâche (cancérogène suspecté : niveau 2 A ). Evitez également les sols en PVC (phtalates , formaldéhydes) ou les moquettes en synthétiques (composés perfluorés) Depuis le 1 er janvier 2012, les produits de construction et de décoration comportent une étiquette indiquant leur niveau d’émission en polluants volatils : les COV. La notation va de A+ (meilleure note ) à C. Sont concernés : les peintures, vernis, colles, adhésifs mais aussi les cloisons et faux plafonds, revêtements de sols, mur ou plafonds, isolants, portes et fenêtres… destinés à un usage intérieur. Le mobilier Le formaldéhyde (irritant des voies respiratoires, présent dans les colles des agglomérés ou contrecollés) est quasiment imperceptible à l’odeur, sauf à atteindre des niveaux d’exposition professionnelle. L’idéal est d’acheter d’occasion ou de monter le meuble bien avant la naissance du bébé. Aérez les meubles neufs, soit sur un balcon, soit en aérant la chambre pendant plusieurs jours. Choisir un meuble brut et le protéger avec un vernis ou une huile 2colabélisés Le formaldéhyde est classé « hautement prioritaire » par l’Observatoire de la qualité de l’air intérieur. Ce n’est pas forcément le plus dangereux, mais il est présent partout. cancérigène en milieu professionnel, il peut induire des céphalées et potentialise les risques d’allergie. Les retardateurs de flamme (dérivés du brome) dans les tissus (obligatoires ) sont probablement peu efficaces et constituent pourtant de puissants perturbateurs endocriniens (étude de l’ANSES) Evitez donc tous les tissus traités (imperméabilisés, anti tache, parfumés, anti froissage). Les insecticides (antipuce comme le fipronil, frontline) sont à éviter pour les femmes enceintes et les jeunes enfants. Pour se protéger des moustiques, on préfère une moustiquaire aux insecticides. Les jouets Toutes les catégories de jouets peuvent être source d’exposition aux perturbateurs endocriniens. Jouets en bois (formaldéhyde, peinture au plomb) ; Jouets en plastique mou ou dur phtalates, retardateurs de flammes Peluches : retardateurs de flammes. Achetez moins mais mieux : écolabel ou d’occasion. Laissez aérer les jouets neufs Pour les vêtements Attention aux colorants, aux plastifiants (phtalates) , aux produits alcalins (blanchissant les vêtements) Préférez les matières naturelles, (coton bio , laine, lin ), les achats de seconde main et bien entendu toujours laver un vêtement avant de la faire porter à son bébé. Dans la cuisine LesPCBpolychlorobiphényl Ce sont

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