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Éducation à la sexualité et à la vie affective - la sage-femme en milieu scolaire
Catherine LALLEMENT, sage-femme, Metz, rédactrice en chef de sagefemme-pratique.com

« L’évolution des mentalités, des comportements, du contexte social, juridique et médiatique dans le domaine de la sexualité, ainsi que les connaissances spécifiques liées à la maîtrise de la reproduction humaine ont conduit les pouvoirs publics à développer l’éducation à la sexualité en milieu scolaire comme une composante essentielle de la construction de la personne et de l’éducation du citoyen.
Dans le cadre de sa mission d’éducation et en complément du rôle de premier plan joué par les familles, l’école a une part de responsabilité à l’égard de la santé des élèves et de la préparation à leur future vie d’adulte : l’éducation à la sexualité contribue de manière spécifique à cette formation dans sa dimension individuelle comme dans son inscription sociale. Cette démarche est d’autant plus importante qu’elle est à la fois constitutive d’une politique nationale de prévention et de réduction des risques – grossesses précoces non désirées, infections sexuellement transmissibles, VIH / sida – et légitimée par la protection des jeunes vis à vis des violences ou de l’exploitation sexuelles, de la pornographie ou encore par la lutte des préjugés sexistes ou homophobes ». Mais l’école n’est-elle pas le seul lieu commun où tous les enfants et adolescents peuvent avoir accès à une information, certes, mais aussi une réflexion pour la construction de leur vie sexuelle, une chance pour tous ceux qui ne sont pas accompagnés par les adultes de leur milieu familial ou… d’internet ! la circulaire n°2003-027 du 17 février 2003, circulaire qui définit les modalités de mise en œuvre des dispositions de l’article 22 de la loi 2001-588 du 4 juillet 2001 (relative à l’interruption volontaire de grossesse et à la contraception) qui prévoient qu’ « une information et une éducation à la sexualité sont dispensées dans les écoles, les collèges et les lycées à raison d’au moins trois séances annuelles et par groupe d’âge homogène ». L’éducation à la sexualité en milieu scolaire repose sur une éthique dont la règle essentielle porte sur la délimitation entre l’espace privé et l’espace public afin que soient garantis le respect des consciences, le droit à l’intimité et à la vie privée de chacun. Les acteurs de cette éducation à la sexualité et à la vie affective L’Éducation Nationale Suite aux différents textes de loi, directives et circulaires, les établissements scolaires ont donc inscrit ces séances dans leurs projets d’établissements : dès le primaire où les objectifs de cet enseignement intégré aux programmes ainsi que les modalités retenues pour sa mise en œuvre feront l’objet d’une présentation lors du conseil d’école ; au collège et au lycée où le chef d’établissement inscrit cet enseignement au Comité d’éducation à la éanté et à la citoyenneté (CESC). C’est une instance de réflexion, d’observation et de proposition qui conçoit, met en œuvre et évalue un projet éducatif. Il est composé par les personnels d’éducation, sociaux et de santé de l’établissement, des représentants des enseignants, des parents, des élèves et de la commune et collectivité de rattachement. Les missions de ce CESC sont : contribuer à l’éducation à la citoyenneté, préparer un plan de prévention de la violence, proposer des actions pour les parents en difficultés et lutter contre l’exclusion définir un programme d’éducation à la santé et à la sexualité et de prévention des conduites addictives. Le CESC peut associer à ses travaux les partenaires compétents susceptibles de contribuer utilement à la politique éducative et de prévention de l’établissement. C’est un dispositif propre à chaque établissement scolaire avec un pilotage adapté au plus près des réalités du terrain. Le chef d’établissement établit en début d’année scolaire les modalités d’organisation et de planification de ces séances, inscrites dans l’emploi du temps des élèves. Elles sont organisées en petits groupes dans un cadre favorisant l’écoute, le dialogue et la réflexion, elles ne relèvent pas d’un enseignement mais doivent permettre aux adolescents d’aborder toutes les questions sur la sexualité, et en particulier dans les domaines affectifs, psychologiques et sociaux, qui ne figurent pas dans les programmes. Elles sont complémentaires des enseignements en sciences de la vie et de la terre abordés dans les différentes classes qui vont « du fonctionnement du corps humain et santé », qui permettent de comprendre les phénomènes liés à la puberté et à la procréation (6 e à 4 e), à « la responsabilité humaine : santé et environnement » qui comprend les bases scientifiques des méthodes contraceptives, les techniques de PMA, les IST et l’IVG (3 e). Au lycée en fonction des filières, ces points seront réabordés à travers l’enseignement de biologie, génétique et biotechnologies mais aussi éthique. Plus généralement, les différents champs disciplinaires, tels que la littérature, l’éducation civique juridique et sociale, l’histoire, les arts plastiques, la philosophie, offrent l’opportunité d’exploiter des situations, des textes et des supports en relation avec l’éducation à la sexualité. Les acteurs au sein de l’éducation nationale sont donc non seulement l'équipe soignante (médecin, infirmier scolaire, assistant social), les membres de l’encadrement et de la direction mais aussi les professeurs. Des formations ont d’ailleurs été mises en place dans toutes les académies car elles permettent de concilier savoirs, éthique, culture et respect des personnes afin de mettre en œuvre, développer ou renforcer ces actions d’éducation à la sexualité. C’est donc dans ce contexte, que les établissements scolaires se sont adjoint des professionnels extérieurs (au sein d’associations ou pas) pour monter des projets communs et participer à ces séances sous la forme de co-animation dans la plupart des cas. Et de par l’essence même de son art et sa formation, la sage-femme semble être un partenaire privilégié dans cette « éducation à la vie affective et à la sexualité ». Les sages-femmes Depuis quelques années, la profession de sage-femme a vu ses missions s’élargir dans une approche globale de la périnatalité, dans la prise en charge de la santé génésique des femmes et plus particulièrement dans le suivi gynécologique de prévention. Certains d’entre nous exercent plus particulièrement leurs compétences dans le domaine de la santé publique, l’éducation à la santé et la prévention. Nous avons toutes et tous rencontré une adolescente devenue maman trop jeune, une jeune fille désireuse de « prendre la pilule mais laquelle ? quand ? comment ? » ou un tout jeune couple se posant de multiples questions face à sa sexualité naissante avec ses risques et son innocence. Si ces adolescents semblent « informés », nous disent-ils, il existe un manque de communication certain ou tout au moins un espace de parole qui leur permettrait d’avoir des réponses à leurs interrogations. Nous les voyons très souvent lorsqu’il est « trop tard », qu’ils se trouvent dans une situation d’urgence, lors d’une consultation au Centre de planification et d’éducation familiale par exemple. Prenons alors cette opportunité qui nous est donnée au sein de l’éducation nationale pour mener avec eux une réflexion sur les différentes dimensions de la sexualité humaine, biologiques, affectives, psychologiques, juridiques et éthiques, sur la relation à l’autre, sur les attitudes responsables et des comportements préventifs en particulier en ce qui concerne l’exploitation sexuelle, la contraception, les IST. L’émergence d’internet et des réseaux sociaux ont modifié l’accès à l’information des adolescents et des jeunes, mais aussi les modes relationnels entre eux et ce qu’ils donnent à voir de leur vie et de leur intimité. Toute sage-femme, de par sa formation, pourrait intervenir lors de ces séances. Mais compte tenu de notre activité professionnelle, nous remarquons que ce sont plus particulièrement les sages-femmes territoriales et les sages-femmes orthogénistes ou exerçant au sein des CPEF qui sont ammenées à prendre part à ces séances, notons aussi que les sages-femmes enseignantes ainsi que les étudiants sages-femmes ont trouvé leur place du fait du nouveau programme des études. Pour aborder cet aspect de notre profession avec plus d’aisance et de discernement, il existe de nombreuses formations complémentaires : différents DU en sexologie, contraception / orthogénie, éducation sexuelle, formation de conseillère conjugale, certaines formations de l’éducation nationale nous ouvrent leur porte pour un travail cohérent et complémentaire avec les établissements scolaires où nous nous rendons. Nos collègues sages-femmes orthogénistes lors d’un travail collectif au sein de l’ANSFO avaient très bien résumé les objectifs de la sage-femme qui anime une séance d’éducation à la vie affective et à la sexualité, dont voici les principaux : apporter aux élèves des informations objectives et des connaissances scientifiques, fondées donc légitimes, efficaces et accessibles sensibiliser aux notions de consentement mutuel et de réciprocité de la relation prévenir les comportements et violences sexistes et homophobes permettre une meilleure perception des risques (grossesses précoces / contraception, IST…) et favoriser des comportements de prévention informer sur les ressources d’information, d’aide et de soutien au sein ou à l’extérieur de l’établissement scolaire développer l’exercice de l’esprit critique, notamment par l’analyse des modèles et des rôles sociaux véhiculés par les médias Mais aussi : faire l’apprentissage du choix apporter des notions de valeurs : tolérance, liberté, respect de soi, d’autrui, responsabilité individuelle et sociale. Par exemple : parler de respect, c’est faire comprendre et accepter le refus de l’autre. Celui d’embrasser, d’être pris en photo ou d’être filmé à l’aide d’un téléphone portable. Nous savons qu’il est très facile de véhiculer une photo ou une image compromettante par le biais des téléphones ou d’internet. Il faut donc oser dire non ou s’opposer à l’utilisation abusive des nouvelles technologies en direction de sa vie intime et sexuelle contribuer à un épanouissement personnel bien différencier ce qui est de l’ordre du privé et de l’ordre public. Inciter les jeunes à préserver leur vie privée, à avoir un jardin secret, un mystère précieux juste pour eux Au sein des écoles de sages-femmes, le programme des études de 2001
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